Commercialisation du cacao ivoirien – Le chantage honteux des 6 multinationales au Conseil du café-cacao et aux producteurs

Friday 26 February 2021

Confronté au ralentissement des achats entre décembre et février, le conseil du café-cacao avait dû prendre la décision de laisser les petits exportateurs ivoiriens acheter massivement des fèves de cacao sans contrats sans contrats d’exportation ni contrepartie. Cette décision qui visait à aider les producteurs à écouler leurs productions sans difficulté, le conseil qui cherche aujourd’hui à écouler 100.000 tonnes de cacao aux mains de ces exportateurs locaux la paie chèrement.

Elle fait face en effet aux filiales des 6 multinationales installées en Côte d’Ivoire qui, pour enlever le reste de la récolte de cacao encore aux mains des planteurs, exige du conseil café-cacao une baisse de  son différentiel d’origine à un niveau très bas et en dessous du marché, de -200 à -250 livres Sterling par tonne (hors DRD), soit 400 dollars US/ tonne (220 fcfa par kilo) plus bas que ce qu’elles payaient avant la mise en place du Différentiel de Revenu Décent (DRD).

Maitres du jeu, ils manœuvrent

 Ce que des observateurs du marché considèrent comme un remboursement forcé du DRD sur le prix d’origine. Pis, pour ce qui concerne les 100 000 tonnes détenues par les exportateurs Ivoiriens et stockés dans les ports de San Pedro et d’Abidjan, les multinationales campent sur un différentiel de -£350 a -£400 par tonne, soit une décote supplémentaire de 150 à 200 FCFA par kilo. Ce qui est hallucinant.

Sous le prétexte qu’ils ont déjà leurs propres contrats à exécuter, confie l’un d’eux, « aucune multinationale ne souhaite reprendre ces stocks, si le différentiel n’est pas attractif. Disons entre -£350 et -£400 par tonne pour ces volumes. »  

Maitres du jeu, les multinationales ne cachent pas ainsi leur volonté de voir fondre  le prix d’achat bord champ fixé par le gouvernement en suscitant une mévente de la production qui serait due à une offre plus élevé que la demande. La menace est réelle et laisse à réfléchir pour les campagnes à venir.

Le cri du cœur des exportateurs locaux

L’attitude des multinationales est en tout mal perçue par les exportateurs locaux aujourd’hui en difficulté. « Nous avons acheté ce cacao pour pouvoir soulager nos producteurs au moment où les multinationales installées en Côte d’Ivoire, sous prétexte de baisse de la demande pour covid-19, refusaient d’acheter le cacao à moins que le CCC baisse le prix du cacao de 210 CFA par kilo (400 USD par tonne) pour en fait se rembourser du DRD ; alors que le DRD auquel elles ont adhéré a toujours été prévu comme un surcout du prix d’origine. Aujourd’hui que ces multinationales ont, par ce chantage, imposé au CCC de baisser le prix de 210 CFA / kilo pour leur filiales en Côte d’Ivoire, elles refusent d’acheter à l’export le cacao des transformateurs et exportateurs Ivoiriens au même prix que leurs filiales et demandent que le CCC fasse baisser le prix de ce cacao de 150 à 200 CFA par kilo supplémentaire par rapport à celui de leurs filiales! En quelque sorte, elles nous font payer notre coopération avec le CCC dans la gestion de cette crise », s’indigne un exportateur basé à San Pedro.

Pour les transformateurs et exportateurs locaux, l’Etat doit agir pour mettre fin à cette situation. Ils pensent que l’absence de contrepartie est due au fait que les multinationales sont les contreparties exclusives des chocolatiers au niveau des exportations, ce qui les exclut du marché.

Créer accès direct aux chocolatiers et aux industriels 

Afin de remédier à cette situation, ces acteurs du arché ont leur idée.  Ã‚« Pour mettre fin à cela, il faut appliquer la règle des 20% de la récolte alloués automatiquement et obligatoirement aux exportateurs ivoiriens. C’est à dire que chaque fois qu’une multinationale achète des contrats, 20% de ces contrats soient alloués aux locaux qui pourront exporter dans les mêmes conditions de prix », a expliqué Fabien Guei, porte-parole du Groupement des Négociants Ivoiriens (GNI) regroupant une quinzaine d’exportateurs de de transformateurs locaux. Cela favorisera l’émergence et l’émancipation d’exportateurs locaux et permettra un accès direct aux chocolatiers et aux industriels.

Du côté du conseil du café-cacao, l’on prend la situation très au sérieux, préoccupé à trouver une solution rapide afin de mettre les exportateurs locaux à l’abri d’une banqueroute, du fait de l’immobilisation des dizaines de millions de dollars qu’ils ont emprunté depuis 8 semaines et dont ils paient des frais financiers importants. Sans compter la perte de poids naturelle des produits, les coûts d’entreposage et d’entretien des stocks. « Nous réfléchissons à trouver une solution pour aider les locaux à avoir une plus grande part aux exportations mais dans l’immédiat, nous travaillons à vendre ces 100,000 tonnes en concédant le moins de différentiel possible » a rassure une source au CCC.

Emmanuel Akani 


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Soumaré Issouf

Professeur titulaire et Directeur du Laboratoire d’ingénierie financière de l’Université Laval (LABIFUL) au Canada

Prof. Issouf SOUMARÉ est Professeur titulaire et Directeur du Laboratoire d’ingénierie financière de l’Université Laval (LABIFUL) au Canada. Il est également le Président-Fondateur de l’INSTITUT SOUMARÉ DE LA FINANCE et de l’UNIVERSITÉ SOUMARÃâ... Lire la suite Voir plus


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