Les sénateurs ont soumis au ministre du Budget et du Portefeuille de l’Etat, le vendredi 3 décembre 2021, lors l’examen du projet de budget du ministère du Budget et du Portefeuille de l’Etat, plusieurs préoccupations auxquelles il a apporté des réponses. Un sénateur s’est ainsi étonné de l’attribution du super prix d’excellence édition 2021 de la gouvernance et de la performance des entreprises publiques àla Banque nationale d’investissement (BNI), qui a plusieurs affaires pendantes devant la justice ivoirienne et fait l’objet d’une décision de justice aux dépens de la cour de justice de la CEDEAO. Le ministre Moussa Sanogo a profité de cette question pour faire des éclairages sur l’affaire dite de BNI Gestion. Le ministre a tout de suite appelé les sénateurs àne pas lier le prix d’excellence attribué àla Banque nationale d’investissement (BNI) àla crise de la BNI Gestion, car il s’agit de deux choses différentes. Il a indiqué que le prix d’excellence repose sur des critères àpartir desquels les meilleures entreprises sont récompensées. Ils portent essentiellement sur les performances commerciales de l’entreprise, la qualité du reporting de ses activités auprès de sa tutelle financière et sur le fonctionnement régulier de ses organes délibérants.Il se trouve que la BNI a enregistré ces dernières années « des résultats assez satisfaisants, pour ne pas dire excellents. » Le produit net bancaire de l’établissement a, d’une année àl’autre, progressé de près de 50%, passant de 35 milliards Fcfa en 2019 à52 milliards Fcfa en 2020. « Quand vous regardez son résultat d’exploitation, c’est-à-dire l’ensemble des charges rapportées au produit bancaire, sur les 4 à5 dernières années, il a baissé de près de 30 points. On frôlait les 90% et on est descendu à60%. Son résultat net qui était de moins 20 milliards Fcfa en 2017 est passé àpratiquement 20 milliards Fcfa en 2020. Cela veut dire que c’est un pas de 40 milliards Fcfa qui a été noté », ajoute Moussa Sanogo qui précise que c’est sur la base de ces chiffres que l’établissement bancaire a reçu le prix d’excellence.Se prononçant sur le dossier qui fait polémique depuis quelque temps, le ministre a expliqué que BNI Gestion est une filiale de la BNI qui a une affaire qui date de 2017 où la banque était déjàdans une situation inconfortable avec la maison mère. « Il y a eu des opérations qui n’étaient pas en ligne avec la réglementation. Les règles financières font obligation aux établissements bancaires, financiers – ceux qui intéressent au marché financier - de limiter dans des proportions les actifs qu’ils peuvent prendre en matière d’immobilisations », éclaire le membre du gouvernement.L’enjeu, explique-t-il, c’est de pouvoir disposer d’un niveau de liquidité qui soit suffisant pour satisfaire les besoins de la clientèle : « Si vous mettez votre argent dans une banque, vous devez pouvoir le retirer àtout moment. Mais si la banque, parce qu’elle estime qu’elle a suffisamment de dépôts, prend tout cet argent et le met dans des immeubles, quand le client va se présenter, cela va poser problème. La banque reste solvable, mais elle n’a plus de liquidité et la crise de liquidité peut entrainer la chute de la banque. C’est pour cela que toutes ces entités ne peuvent pas mettre une fraction de leurs ressources dans un certain type d’actifs d’immobilisations. »Malheureusement, souligne le ministre, BNI Gestion s’est lancée dans ce type d’interventions et s’est retrouvée en porte-à-faux avec le régulateur du marché financier qui a pris les mesures qui s’imposaient. Par la suite, soutient Moussa Sanogo, des actions ont été initiées pour tenter de régler le problème, « des actes un peu singuliers ont été pris » mais « les choses ne se sont pas bien passées. » Malheureusement, le dossier a fini devant la justice et c’est ce qui donne àvoir l’imbroglio constaté ces derniers jours./////////////// Emmanuel Akani