Insécurité routière : le responsable d’un operateur alerte :« Les accidents sont la première cause de mortalité des moins de 30 ans »

Tuesday 28 December 2021
Intervenant en duplex, le mardi 21 décembre 2021 sur AFRICA RADIO, Ibrahima Koné, le Directeur général de Quipux Afrique, structure accompagnant l’Etat de Côte d’ivoire dans la lutte contre l’incivisme sur les routes, a dévoilé les avancées de la vidéo-verbalisation. Une technologie qui contribue fortement aux changements de comportements des usagers en Côte d’Ivoire. Extrait.Africa Radio: Les causes des accidents de la route sont diverses. A côté des infrastructures routières qui ne sont pas beaucoup à la hauteur sur le continent africain, se pose le problème de l’incivisme sur les routes. Quels est la situation en Côte d’Ivoire ? Ibrahima Koné : La question de la sécurité routière est une problématique globale. Celle-ci est une préoccupation mondiale. Les Nations Unies, à travers une initiative mondiale, ont prévu un objectif de réduction des accidents d’au moins 50% à l’horizon 2025. En Afrique, il est vrai que cette problématique est beaucoup plus prononcée, parce que nous avons le facteur humain. En Côte d’Ivoire, ce facteur représente 90% des cas d’accidents. Pour le cas spécifique de notre pays, il y a des efforts importants qui ont été faits par le gouvernement pour l’extension du réseau routier et sa modernisation. Aujourd’hui, il y a plus de 2000 milliards de FCFA qui ont été investis au niveau du réseau routier. Par rapport donc à cette problématique globale, le ministère des Transports a lancé une Stratégie nationale de sécurité routière quinquennale (2021-2025) avec différents axes qui touchent entre autres, à la problématique de l’obtention du permis de conduire. Par rapport à cette problématique, il y a eu des mesures fortes qui ont été annoncées cette année par le ministère des Transports. Il y a d’autres points avec comme élément central l’utilisation des technologies de la communication. Et notamment l’instauration d’un Système de transports intelligent (STI) qui va permettre de vidéoverbaliser les infractions au code de la route. Depuis le 7 septembre, la vidéoverbalisation est active en Côte d’Ivoire, notamment le au niveau du Grand Abidjan. Les infractions au code de la route sont relevées automatiquement. Celles-ci sont ensuite notifiées au contrevenant par SMS, le courriel ou par voix postal. Cela contribue aux changements des comportements des uns et des autres.Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) nous enregistrons chaque année dans le monde près de 1,3 million de morts dans les accidents de la circulation routière et plus de 50 millions de blessés. Non sans parler des pertes économiques. Les stratégies que vous proposez en Côte d’Ivoire, sont-elles uniquement propre au pays ou à l’Afrique en particulier ? Les chiffres pour la Côte d’Ivoire indiquent que nous avons enregistré en 2020 environ 1500 morts sur nos routes. Il faut préciser que c’est la première cause de mortalité pour les moins de 30 ans. Je vous voudrais préciser que l’utilisation des technologies a fait ses preuves. Nous commençons à constater les premiers résultats au niveau du Grand Abidjan avec la vitesse moyenne qui a baissé. Elle se situe désormais autour de 40Km/H. La vitesse d’infraction est a partir de 70Km/H. c’est vrai qu’il y a beaucoup de ralentissements à Abidjan avec les bouchons, mais nous observons un changement de comportements. Depuis le mois de septembre dernier, nous constations chaque mois des baisses au niveau non seulement des accidents mais également de la mortalité. C’est une expérience. Nous avons déjà reçu la visite de différents pays de la sous-région, venus s’inspirer des innovations majeures en cours ici, comme la notification par SMS de la contravention. C’est une première en Afrique. Votre entreprise travaille en corrélation avec l’Etat ivoirien, à travers le Ministère des Transports. Comment se traduit cette collaboration ? Je voudrais préciser que je suis un citoyen ivoirien. Quipux Afrique s’est toujours imposé comme une entreprise à forte responsabilité sociale. Nous sommes également une société à participation financière de l’Etat de Côte d’Ivoire qui détient une part au capital. Ce n’est pas que du business. Il y a de la responsabilité sociale. Et nous souhaitons véritablement impacter les choses. Nous avons commencé en 2014 avec la mise en place du Système de gestion intégré. Ce système permet aujourd’hui d’avoir une base de données consolidé autour des activités liées au transport routier en Côte d’Ivoire. Ce système permet d’avancer sur des technologies en relation avec la vidéoverbalisation, avec peut-être demain tout ce qui concerne la gestion du trafic même du big-data. Donc ce n’est pas du business j’insiste. Nous voulons d’abord impacter les choses en impulsant un changement au niveau du transport routier. C’est vrai que ce n’est pas du business comme vous le dites. Mais vous faites de la formation et de la sensibilisation. Et il y a quand même de l’argent qui entre avec les amendes. Ces amendes vous permettent de sensibiliser les populations. En vous interrogeant, l’objectif est de pouvoir aider les auditeurs qui ont des produits développés ou les start-ups qui peuvent vous imiter. Cela serait bien que vous expliquiez plus pour qu’ils puissent comprendre ce qui a été mis en place. Partagez-nous votre expérience. Pour le moment il n’y a pas encore assez beaucoup d’argent. Mais je voudrais insister sur le fait qu’il nous faut des modèles économiques innovants. Par rapport à ce projet, nous avons bénéficiez de l’assistance de tout l’écosystème ivoirien, notamment le Comité de Concertation Etat-Secteur Privé et l’implication du Ministère des Transports. Il faut relever l’importance de la volonté politique pour réaliser ce type de projet. Nous avons besoins du soutien de notre tutelle dans cette quête. Pour répondre spécifiquement à votre question, il faut arriver à mettre en place un écosystème car ce type de projet ne peut pas se limiter à un seul acteur. Pour ce faire, nous avons mis en place des alliances stratégiques avec les opérateurs de téléphonie et des acteurs majeurs pour les questions d’infrastructures et de connectivités. Qui nous a permis nous avec nos solutions logicielles implémentées notamment en Amérique latine, donc dans des écosystèmes qui sont économiquement similaires aux nôtres, d’arriver à proposer cette offre intégrée. Surtout j’insiste la question de la donnée. La base de données est extrêmement importante pour pouvoir déployer ce type de technologie.Comment arrivez-vous à verbaliser les personnes qui n’ont pas de téléphones ou qui ne sont pas enregistrés chez un opérateur de téléphonie mobile ? La première des choses que vous devez savoir, c’est qu’il y a 40 millions de smartphones en circulation en Côte d’Ivoire. Le pays compte un peu plus de 17 millions d’abonnés à internet donc, on a un écosystème numérique avec une masse critique intéressante. Maintenant le problème que vous posez part de la qualification de la base de données que nous avons. Donc qui nous permet aujourd’hui d’avoir des taux autour de 80% à 90% de personnes que nous arrivons à notifier tout simplement parce que nous gérons la base de données des permis de conduire (conducteurs), de l’immatriculation. Nous avons également accès à toutes les informations liées au certificat d’immatriculation et à la carte grise, nous gérons la base de données liée aux entreprises de transport qu’on appelle de registre de transport. En somme, toutes ces informations qui sont collectés au quotidien nous permettent relativement d’avoir des taux importants et des données actualisées. Ce que vous posez comme problématique nous permettra donc avec l’évolution du projet d’être plus performant. Pour la question du paiement spécifiquement, il y a des délais qui tournent autour de 30 jours pour pouvoir payer sa contravention. Mais je voudrais indiquer qu’il y a un volet judiciaire. Une fois que ces différents délais sont dépassés, les contrevenants qui ne paient leurs amendes sont susceptibles d’être poursuivis et donc à ce niveau la justice dispose de moyens pour que ces amendes soient payées.Justement parlant de justice, on sait que la vidéo verbalisation contribue fortement au changement de comportements des automobilistes, est-ce que le Ministère de l’intérieur joue sa partition dans ce projet quand on sait que ces vidéos de verbalisions peuvent servir par rapport à l’insécurité dans nos capitales où l’on sait qu’on a du mal à prouver les agressions. Est-ce qu’on peut faire recours à ces caméras installées dans la ville ? A ce niveau les administrations se communiquent. Je voudrais relever que le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité a déjà annoncé que sur Abidjan qu’il y avait plus de 1000 caméras destinées à la vidéosurveillance, qui est différente de la vidéoverbalisation. Ces caméras ont prouvé leur efficacité dans le cadre d’enquêtes, d’investigations ou d’interventions de nos forces de police. Le système de vidéosurveillance peut contribuer dans une certaine mesure à accompagner de projet de vidéo-verbalisation, qui est porté par le Ministère des Transports.Qu’est-ce qui se passe pour les propriétaires de véhicules qui ne paient pas leurs amendes. Y a-t-il une procédure derrière jusqu’à la saisie du véhicule ?Il y a une procédure qui existe. Mais je voudrais indiquer que le processus de vidéo-verbalisation s’articule autour de deux principaux axes. Le premier concerne les radars fixes installés à des zones critiques ou accidentogènes dans le grand Abidjan et le deuxième concerne les unités mobiles. Pour ce faire, nous avons deux unités mobiles qui vont permettre de déployer le barrage intelligent. Ces unités vont permettre d’étendre le maillage et de pouvoir intercepter sur les routes ces contrevenants qui n’auraient pas respecté le code de la route et qui en plus n’auraient pas réglé leurs amendes. Passé tous ces éléments du point de vue opérationnel, j’insiste pour dire que derrière une contravention, une amende forfaitaire ou transactionnelle, il y a des risques de poursuites judiciaires avec lesquels il ne faut pas jouer.Comment se passe la vidéo-verbalisation pour les véhicules des autorités, dirigeants de sociétés ou Hommes politiques en infraction ? Quand un ministre ne respecte pas les choses, allez-vous au bout de la procédure ?Le système de vidéoverbalisation est prévu pour gérer autour d’une vingtaine d’infractions et parmi ces infractions figurent le contournement de la ligne continue, la conduite en sens inverse, etc. Le ministère, pour des respects pédagogiques, a souhaité que nous puissions avoir un phasage et que nous puissions démarrer par les infractions les plus accidentogènes. C’est-à-dire l’excès de vitesse, ensuite tout ce qui est lié au non-respect des feux tricolores, vous avez vue des images d’accidents dramatiques a l’issue des personnes qui n’ont pas respectés les stops, l’arrêt au feu rouge. Et le troisième bloc, c’est tout ce qui est lié au défaut de documents et notamment la visite technique, le défaut d’assurance, qui ont un impact sur la sécurité routière. Vous voyez, par exemple, récemment on a eu un accident causé par un camion pour lesquels les freins ont lâché subitement, donc apparemment, n’avait pas respecté toutes les règles en matière de l’état du véhicule. La question du défaut de document notamment du défaut des visites techniques est un point important. Plus précisément sur votre question, je dirais que c’est l’avantage de la technologie qui est indifférente. Elle lit les plaques, et remontre les informations au niveau du centre de contrôle opérationnel et qui notifie. C’est vrai que pour des questions liées aux plaques administratives, il y a une procédure de notification. Je vous assure qu’aujourd’hui, hormis un certain nombre de véhicule tel que, les véhicules des pompiers, de police qui bénéficient d’exemption dans le cadre de l’exercice de leur fonction, le système permet de flasher tous les types de plaques d’immatriculation, tous types de véhicules qui aurait commis une infraction quelques soit le propriétaire de véhicule.Parlez-nous un peu du Système de transport intelligent (STI), qu’est-ce que c’est ? Le système de transport intelligent est en résumé l’application des technologies d’information et de la communication au système de transport, à tout ce qui concerne le transport et la mobilité. Ce sont des technologies qui ont commencées d’abord, dans les années 2014 et 2015, par des dispositifs embarqués au niveau du véhicule. Vous voyez aujourd’hui l’aboutissement de cette technologie. Vous avez des véhicules beaucoup plus sûrs, avec des capteurs. Vous avez des véhicules intelligents qui permettent d’anticiper un certain nombre de de risques liés à la route. Le système a tellement évolué qu’on parle désormais de véhicule sans chauffeurs. Ensuite après les voitures, on est passé à la route intelligente. Une technologie qui permet de communiquer, d’échanger des données ou des informations avec plusieurs acteurs. Vous avez des capteurs qui sont installés dans les voies, dans les routes, et qui permettent de gérer un certain nombre d’actions et surtout qui permet à la route d’interagir avec le véhicule. En somme, les STI permettent aujourd’hui à travers des plateformes intégrées, à nos populations, aux citoyens de pouvoir se déplacer de façon plus sûre, de façon beaucoup plus sécurisée, optimisant sont temps, en ayant la possibilité de choisir entre différents modes de transport. Je pense que cela l’avenir.Qu’est-ce qu’on peut retenir de ce vaste projet qui va impacter la Côte-d’Ivoire, et par ricochet la sous-région africaine ? Je voudrai dire que la Côte d’Ivoire a lancé une stratégie nationale de sécurité routière avec un certains nombres d’axes et un plan d’action cohérent. La colonne vertébrale de cette stratégie nationale de sécurité routière est l’utilisation des technologies l’information et de la communication (TIC). Il faut donc respecter scrupuleusement le code de la route. En un mot, changer de comportement sur nos routes. 
Source: Africa Radio

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Soumaré Issouf

Professeur titulaire et Directeur du Laboratoire d’ingénierie financière de l’Université Laval (LABIFUL) au Canada

Prof. Issouf SOUMARÉ est Professeur titulaire et Directeur du Laboratoire d’ingénierie financière de l’Université Laval (LABIFUL) au Canada. Il est également le Président-Fondateur de l’INSTITUT SOUMARÉ DE LA FINANCE et de l’UNIVERSITÉ SOUMARÃâ... Lire la suite Voir plus


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