La raffinerie pétrolière de Dangote au Nigéria a propulsé le pays – et l’Afrique dans son ensemble – parmi les acteurs majeurs du négoce pétrolier mondial. En septembre 2025, le géant du négoce de matières premières Vitol et le distributeur nord-américain Sunoco ont réceptionné la toute première cargaison d’essence nigériane destinée aux États-Unis, selon des données de suivi maritime et deux sources proches du dossier.

Une étape clé pour la raffinerie

Le tanker Gemini Pearl a livré environ 320 000 barils d’essence, marquant une étape majeure pour la raffinerie Dangote, dont la capacité atteint 650 000 barils par jour. Les marchés énergétiques mondiaux attendaient avec attention la confirmation que sa production répondait aux normes strictes exigées aux États-Unis.

Selon les informations disponibles, Vitol a acquis cette cargaison auprès de Mocoh Oil, basée à Genève, avant de céder la majeure partie du volume à Sunoco. Le déchargement a eu lieu au terminal Sunoco de Linden, dans la zone portuaire de New York. Mocoh Oil, qui a annoncé plus tôt cette année un partenariat avec Dangote pour exporter des produits de la raffinerie, n’a pas souhaité commenter l’opération.

Une raffinerie qui redessine la carte énergétique mondiale

Après plusieurs retards de démarrage, la raffinerie Dangote – l’une des plus grandes au monde – a rapidement accéléré sa production depuis 2024, modifiant en profondeur les flux énergétiques internationaux. Le complexe devrait réduire considérablement la dépendance du Nigéria aux importations de carburant, tout en exportant ses excédents vers des marchés régionaux comme le Cameroun, le Ghana, l’Angola ou l’Afrique du Sud. Son diesel est déjà présent sur des marchés mondiaux et son kérosène connaît une forte demande en Europe.

Une seconde cargaison d’essence, vendue par Glencore à Shell, est attendue dans le port de New York le 19 septembre à bord du navire MH Daisen. Par ailleurs, Vitol a également acheté une troisième cargaison issue de la raffinerie Dangote, qui doit arriver à New York autour du 22 septembre sur le Sea Explorer. Les destinations finales pourraient toutefois évoluer en fonction des conditions de marché.

Toutefois, selon l’institut de suivi IIR Energy, l’unité de production d’essence de la raffinerie devrait être mise à l’arrêt pour maintenance pendant deux à trois mois, ce qui limitera à court terme les volumes disponibles pour l’export.

Plus d’un milliard de litres exportés en trois mois

Aliko Dangote, fondateur et président du groupe, a annoncé que la raffinerie avait déjà exporté plus de 1,1 milliard de litres d’essence entre juin et début septembre 2025. L’usine géante, qui fête sa première année de production de carburant, alimente désormais à la fois le marché domestique et les acheteurs étrangers.

Le groupe a également annoncé la mise en service d’une flotte nationale de 4 000 camions fonctionnant au gaz naturel comprimé (GNC) pour assurer une livraison gratuite de ses produits à travers le pays. Les prix de l’essence, qui avaient atteint près de 1 100 nairas (0,73 $) le litre avant la mise en service de la raffinerie, sont désormais redescendus entre 841 et 851 nairas (0,56 – 0,57 $) dans certaines régions.

Dangote prévoit d’augmenter le traitement de la raffinerie à environ 700 000 barils par jour dès sa deuxième année d’exploitation, avec un développement parallèle de la production de polypropylène et d’engrais destinés à l’export.

Un appui de poids : Bombardier salue un projet « de classe mondiale »

Le constructeur aéronautique canadien Bombardier Inc. a salué la raffinerie Dangote, la qualifiant d’installation « de classe mondiale » et soulignant la production massive de kérosène comme un atout stratégique pour le secteur aérien.

Pierre Beaudoin, président du conseil d’administration de Bombardier, a conduit une délégation de cadres de l’entreprise sur le site de la raffinerie, aujourd’hui considéré comme la plus grande raffinerie monocuve au monde. Il a exprimé son admiration pour la vision portée par ce projet monumental, symbole de transformation industrielle en Afrique. « La raffinerie produit du kérosène en grande quantité et de manière respectueuse de l’environnement, avec une teneur réduite en soufre. C’est exceptionnel », a déclaré Beaudoin.

Impressionné par l’usage de technologies de pointe, il a ajouté : « En tant que constructeur aéronautique, je me réjouis de voir de tels investissements dans les produits dont notre industrie a besoin. C’est un privilège d’assister à ce projet unique au monde. » À l’occasion de cette visite, Bombardier a offert une maquette d’avion à Aliko Dangote, exprimant sa conviction que la raffinerie servira de catalyseur à l’innovation sur le continent africain.

Un projet aux standards internationaux

Aliko Dangote, accompagné du vice-président Oil & Gas du groupe, Devakumar Edwin, a guidé la délégation à travers les installations. Il a souligné que la raffinerie a été conçue pour respecter les normes d’émission et de rejets établies par la Banque mondiale, l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), l’Union européenne et les autorités nigérianes. Il a insisté sur le fait que la raffinerie est déjà intégrée aux marchés européens, asiatiques et américains, et dispose de la capacité nécessaire pour couvrir la demande intérieure tout en exportant ses excédents.