Asta-Rosa Cissé, Directrice régionale d’AGL Côte d’Ivoire-Burkina Faso, a participé, le lundi 26 mai 2025, à un panel organisé par la Commission de la CEDEAO au Parc des expositions d’Abidjan, où se tient le SARA 2025, dans le cadre d’une session thématique dédiée au renforcement du commerce alimentaire intrarégional et au développement du secteur agroalimentaire en Afrique de l’Ouest. Elle a affirmé que l’Afrique de l’Ouest dispose de toutes les ressources nécessaires pour développer un commerce alimentaire intra-africain solide et structuré.

Toutefois, pour y parvenir, il est indispensable de lever les barrières logistiques, de professionnaliser les filières agricoles, d’harmoniser les réglementations régionales et de mobiliser des financements pour moderniser les infrastructures de transport. « Seule une coopération renforcée entre acteurs publics et privés, accompagnée d’une vision intégrée du commerce agroalimentaire régional, permettra à l’Afrique de pleinement exploiter son potentiel agricole et de nourrir durablement sa population », a-t-elle interpellé.

Pour Mme Cissé, le commerce alimentaire intrarégional en Afrique de l’Ouest représente un moteur potentiel de croissance économique et de sécurité alimentaire, mais il est freiné par des défis logistiques majeurs, notamment le manque d’infrastructures adaptées, l’enclavement des zones de production, l’absence d’harmonisation des réglementations douanières et phytosanitaires, ainsi que le manque de solutions multimodales efficaces pour assurer une distribution fluide des produits agricoles.

Face à ces défis, AGL, acteur logistique présent dans 47 pays, propose des solutions adaptées pour optimiser ce commerce : investir dans les zones de production, développer des entrepôts de regroupement et renforcer le pré-cooling pour améliorer la conservation des produits agricoles avant leur distribution. « Le train constitue un mode de transport à privilégier, car il est économique, écologique et adapté au transport de masse. Cependant, l’état actuel des infrastructures ferroviaires limite son efficacité. Des investissements sont nécessaires pour rénover et moderniser les voies ferroviaires, en particulier celles reliant Dakar, Niamey, Ouagadougou et Abidjan », a souligné la Directrice régionale d’AGL.

Le transport multimodal, combinant rail, route et mer, est essentiel, selon Mme Cissé, pour fluidifier les échanges. Des plateformes logistiques, comme celles envisagées à Bouaké, pourraient faciliter le transport des matières premières vers les marchés régionaux. Le train et le cabotage maritime sont des alternatives économiques et écologiques, mais nécessitent des investissements dans les infrastructures et une meilleure coordination des politiques.

En outre, un partenariat public-privé est indispensable : les États doivent moderniser les infrastructures, tandis que les entreprises privées peuvent mobiliser des financements pour professionnaliser les filières agricoles. L’exemple du regroupement des exploitants de bananes en Côte d’Ivoire illustre l’importance de structurer les chaînes de distribution afin de réduire les coûts logistiques et accroître la compétitivité.

Les pertes liées au transport restent un enjeu crucial. Améliorer les solutions de stockage et de conservation permettrait de prolonger la durée de vie des produits et de garantir leur disponibilité sur les marchés.

Mme Cissé conclut que l’Afrique de l’Ouest doit s’appuyer sur ses propres capacités de production, professionnaliser ses filières et renforcer la coopération régionale pour exploiter pleinement son potentiel agroalimentaire.

Emmanuel Akani